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Berne, 5 mai 2020

Personnes âgées, covid-19 et violence: un double danger

Depuis le début de la crise liée au covid-19, les mesures concernant les personnes de 65 ans et plus sont omniprésentes. Ces règles ont un but louable : protéger les personnes âgées. Elles sont toutefois de plus en plus vécues comme une forme de discrimination par les seniors. Les personnes âgées sont par ailleurs absentes des messages de prévention concernant les violences domestiques en temps de confinement. La Plateforme nationale « Vieillesse sans violence » attire l’attention sur le fait que les discriminations fondées sur l’âge sont interdites explicitement par la Constitution suisse (art. 8.2.) et constituent une forme de violence. Elle appelle également à donner plus de visibilité aux personnes âgées dans les communications concernant les violences domestiques.

Un renforcement des stéréotypes fondés sur l’âge

Selon l’Eurobaromètre des discriminations (2015), l’âgisme constitue une forme de discrimination plus fréquente que le racisme et le sexisme. Il est aussi beaucoup plus accepté socialement. Les stéréotypes concernant les personnes âgées sont nombreux et fortement banalisés : les personnes âgées sont dépendantes, elles coûtent cher, elles sont égoïstes et réfractaires au changement, elles constituent un poids pour la société, etc. Dans le contexte de la crise du covid-19, les mesures prises pour protéger les personnes âgées, bien que motivées pas de bonnes intentions, ont pour effet collatéral de renforcer les stéréotypes associés aux aîné-e-s. En considérant toutes les personnes de 65 ans et plus comme étant « à risque » sur la seule base de leur âge chronologique, ces mesures ne tiennent pas compte des différences interindividuelles dans le vieillissement et du fait que ce qu’on appelle la vieillesse recouvre en fait plusieurs générations. Sans le vouloir, elles contribuent à renforcer la discrimination liée à l’âge et l’infantilisation des aîné-e-s.

Des personnes âgées absentes des messages de prévention des violences domestiques

Les liens entre confinement, augmentation des tensions intrafamiliales et violences domestiques ont été souvent soulignés ces dernières semaines, notamment dans les médias. S’il est généralement fait mention des femmes et des enfants, il est rarement rappelé que les personnes âgées sont également fortement à risque. Comme pour les plus jeunes, le confinement peut exacerber les tensions, en particulier dans le couple. Il renforce aussi l’isolement des personnes âgées et de leurs proches. Par ailleurs, le fait de ne pas pouvoir sortir de chez soi réduit les possibilités d’accès à de l’information, particulièrement pour les aîné-e-s qui ne disposent pas d’internet. L’invisibilité des personnes âgées dans les messages de prévention concernant les violences domestiques constitue une forme supplémentaire de discrimination.

Une évolution des demandes

Avec la crise du covid-19, le travail de la Plateforme nationale « Vieillesse sans violence » a pris une nouvelle dimension. De nombreuses personnes se sont adressées à notre organisation pour connaître leurs droits, notamment par rapport aux visites à un proche en fin de vie en institution, ou pour demander une médiation. Les signalements et demandes de conseils émanant de l’entourage de personnes âgées (amis, voisins, etc.) sont par contre moins nombreux qu’en temps normal. Cette situation est probablement liée au confinement et à la baisse de la vigilance collective due aux mesures de distanciation sociale. Ce sous-signalement laisse présager que beaucoup de personnes âgées victimes de violences se trouvent actuellement dans l’impossibilité de bénéficier d’aide.

Prof. Dr. Delphine Roulet Schwab, Présidente Vieillesse sans violence et alter ego

Ruth Mettler Ernst, Directrice Vieillesse sans violence et Unabhängige Beschwerdestelle für das Alter UBA

           

«Vieillesse sans violence » est le fruit de la collaboration de trois organisations : alter ego en Suisse romande, Pro Senectute Ticino e Moesano au Tessin et Unabhängige Beschwerdestelle für das Alter UBA en Suisse allemande. Par téléphone au 0848 00 13 13, ou par e-mail à info@vieillessesansviolence.ch, la Plateforme nationale reçoit chaque année plusieurs centaines cas de maltraitance et de violence envers des personnes âgées.

Contacts médias 1: Suisse romande, 2: Deutschschweiz

1: Delphine Roulet Schwab, Présidente alter ego, 076 537 62 63, info@vieillessesansviolence.ch
2: Ruth Mettler Ernst, Geschäftsleiterin UBA, 079 242 04 84, info@alterohnegewalt.ch

Lire le communiqué de presse en version pdf.